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Recommencer c’est nul ?

    On est d’accord. Recommencer c’est pas marrant. Et recommencer plusieurs fois d’affilée encore moins. Surtout quand au final on est pas arrivé à réaliser ce qu’on voulait.  

    Et c’est aussi vrai que le dessin, c’est recommencer, effacer, recommencer, effacer,… sans jamais s’arrêter.  

    ...

    Refaire jusqu’à atteindre un but qu’on s’est fixé (ou qu’on nous a fixé) c’est apprendre. Je suppose que je ne suis pas la seule à avoir entendu, et dit moi-même : Enseigner, c’est répéter.  

    ...

    Avez-vous déjà réellement réussi une chose que vous faisiez pour la première fois ? 

    Un exemple : la première crêpe est toujours ratée (bon, évidemment pas pour les spécialistes hein).

    Avez-vous réussi à faire du vélo pour la première fois ? Et, sans indiscrétion, sans savoir freiner, vous faisiez comment pour vous arrêter ? Vous traîniez des pieds au sol (au grand désespoir de vos parents), vous sautiez en cours de route, ou comme d’autres que je connais… peut-être faisiez le kamikaze et vous jetiez (avec le vélo s’entend) dans le fossé.  

    C’était un apprentissage bien difficile. Avec des bleus, des bosses, des écorchures, etc. Pourtant, vous n’avez pas arrêté. Vous avez recommencé. Encore. Et encore. Jusqu’à rouler en bombant le torse, l’air fier et véloce.  

    ...

     Seulement voilà. Le problème qu’on a généralement en dessin, c’est qu’on ne répète pas assez. On ne recommence pas assez son dessin. Pourquoi ce manque de motivation ? Pourquoi, alors qu’on sait très bien qu’on veut apprendre, et aussi qu’on doit passer par la répétition ? 

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    C’est souvent bien avant d’avoir réussi, qu’on se démotive. Je pense personnellement, que ce n’est pas parce qu’on a pas assez d’autodiscipline, ni parce que « le dessin c’est pas fait pour vous ».  

    J’ai tendance à penser que c’est parce que votre répétition ne se fait pas dans le bon sens.  

    Si vous savez faire du vélo, ça vous apporte quoi ? L’autonomie de mouvement, de déplacement.  Si vous SAVEZ que votre première crêpe sera ratée, pourquoi est-ce que vous la faites ? Et pourquoi, vous continuez, vous recommencez à faire plusieurs crêpes à la suite ? 

    Parce que vous en avez envie : par goût. Par plaisir. Par défi… Mais SURTOUT parce que vous savez que le temps nécessaire entre les premières crêpes ratées et celles super réussies est bien moins important que pour apprendre une nouvelle langue, ou toute autre activité ! 

    D’ailleurs… Quelles sont les meilleures crêpes de toutes celles que vous allez engloutir ? Les premières. Celles que vous allez engloutir, en secret pour faire disparaître les preuves, avec un clin d’œil au chien assis à côté, et qui mâchonne déjà de bonheur.  

    Pourtant, c’est certain que PERSONNE ne viendra vous hurler dessus parce que vous avez raté ces crêpes ! PERSONNE ne vous a forcé à les faire disparaître ! et certainement PERSONNE (à part un psychopathe) ne viendrait chercher les preuves de votre échec dans la poubelle !!! 

    Non. Vous l’avez fait parce que c’est un jeu. Vous saviez que les première seraient ratées, vous n’avez donc eu aucun remord à les rater. Vous avez pris du plaisir à les avaler, car vous pouvez reposer votre bonne "conscience de cuisinier" sur les prochaines.  

    Et c’est CERTAIN qu’il y en aura de meilleures (d’ailleurs vous avez assez prévu de pâte pour toutes vos expériences). 

    ...

    Continuer à faire du vélo apporte donc un avantage d’autonomie, et faire des crêpes réussies vous apportera le plaisir de ceux qui vont les partager avec vous. 

    Et le dessin ? Pourquoi continuer quand ça fait 10 fois que vous recommencez ? 

    Votre répétition ne se fait pas dans le bon sens… et en plus le réussir à la fin vous apportera bien plus en terme d’accomplissement personnel (sur la durée) - que faire 15km à vélo, ou l’admiration de 4 bouches garnies de Nutella. 

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    A chacun son niveau et ses étapes 

    Le « bon sens » pour moi, c’est avant tout un changement total d’énergie créatrice : On ne devrait jamais s’imposer de recopier une photo, un paysage, au trait près. La perfection peut attendre. La répétition doit amener à un objectif réalisable pour le niveau qu’on a. Un peu plus que celui-ci, mais pas trop. 

     Soyez réaliste, tout en restant enjoué par le petit défi que vous vous donnez. 

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    Le plaisir de rejouer 

    Une répétition dans le « bon sens » doit être faite avec le bon esprit. On doit à tout prix arrêter de se dire « je rate à chaque fois », mais : « je vais faire mieux ». Et de toute façon (sauf si vous êtes joliment garni(e) d’une bonne couche de négativité), vous FEREZ mieux ! Même si c’est un petit peu mieux, ce n’est pas possible de rien apprendre quand on fait plusieurs fois la même chose. 

    Prenez du recul. Mettez-vous dans la peau d’un scientifique et analysez vos erreurs avant de recommencer. Où ? Quoi ? Pourquoi ? 

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    La différence entre acharnement et apprentissage 

    Une répétition dans le « bon sens » veut aussi dire pratiquer le pivot. Si vous bloquez réellement sur un sujet, il est INUTILE de continuer à foncer dans le mur tête baissée. Comme pour tout problème récurrent, si vous appliquez les mêmes choses dessus vous aurez les mêmes résultats. 

    Si vous voyez que vous obtenez exactement les mêmes erreurs, et que ça n’évoluent pas à chaque répétition (mais pas du tout hein). Il faut stopper, et pivoter pour changer d’angle de vue ou d’objectif. 

    → Allez, un petit dernier pour la route ? Lire l'article Comment dessiner freestyle 

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